La Masterclass de Milan (sons et transcriptions)

19. Trois remarques

#leçon1 #leçon3 #honorer #héritage #interprétation

Trois choses me sont venues, sur des questions très différentes.

D'abord, au sujet de cette fascination pour les arrières de zones industrielles dont parlait Baptiste, « urbanisme morbide » si tu veux (cf. Baptiste XX). Une des choses qu'on a tous comprises, c'est qu’on ne peut pas critiquer sans honorer. Tout ce que je critique, je dois d'abord l’honorer. Nous sommes toujours là pour honorer ce que l'on voit. Hier, notre manière d’honorer le site de l'Expo universelle c'était de la traverser sur 2 km, traverser ce désert de béton, cette sorte de piste d’atterrissage.

Ensuite, sur la question de l’héritage, des personnes qui ont fait le même genre de travail avant nous (cf. Denis Moreau évoquant Yves Clerget), il est certes toujours important de dire qu’il y a un degré d'héritage. Mais il faut aussi toujours rappeler que ce que nous faisons, c'est probablement, d’un point de vue anthropologique, la première langue que les humains ont utilisée, avant la peinture et même avant la parole. Il faut observer les petits enfants : la première chose qu'il font, avant même de parler, c'est de tenir leurs parents par la main, et de les tirer vers un lieu ou un objet qu’ils veulent atteindre – c'est donc une langue très primaire dont nous nous servons.

Enfin, en réponse à Gianni. En effet, la métropole est une sorte de cylindre, et chaque fois que tu rentres ta main dedans, tu en sors une autre histoire, une autre interprétation. Mais je pense quand même qu'il y a des interprétations plus ou moins justes ; et par rapport à ce que disait Denis, je pense à cette phase pendant laquelle on va effectivement marcher seul, regarder, observer, et pas encore parler ou chercher à construire des récits. Cette phase préliminaire, si tu veux, c'est c'est une phase de collection. Ce n’est qu’après, que l’on entrera dans une phase d'échange avec d'autres. Ces étapes mènent finalement à une meilleure et plus juste interprétation. Jordi, tu disais qu’un sentier pouvait être seulement une collection d’histoires qui se suivent plus ou moins par hasard, mais dès lors que tu vas choisir entre cette histoire ou cette histoire, et donc entre tel ou tel chemin, tu seras déjà dans une forme d’interprétation.