#leçon1 #transportpedestre #villeendotique #sanspanorama
"Même si Athènes est une ville polycentrique (où la dialectique centre/périphérie est selon moi à remettre en cause), une des premières questions était : comment rallier un quartier périphérique au centre-ville, et donc ne pas forcément faire des détours, pour aller voir un point d’intérêt, un haut-lieu ; et donc comment avoir une voie qui puisse, dans l'imaginaire urbain, permettre aux habitants de se dire : « Je vais aller du centre d'Athènes au Pirée à pied, c'est possible, cela va me faire découvrir la ville, mais en même temps j’ai un but totalement utilitaire : je veux simplement, au lieu de prendre les transports en commun pendant une heure, ou y aller en voiture pendant une heure, j'ai 3h pour aller d'Athènes au Pirée. » Ou bien encore : « Je décide d'aller dans une ville qui est à 50 km d’Athènes, et je vais décider d'y aller à pied, en deux jours par exemple, en passant par la ville de Salamine. » D’où ma recherche de linéarité, et d'absence de détour pour aller vers les hauts-lieux. Il s’agit vraiment de travailler sur la ville du quotidien, la ville telle qu’on l’utilise, plutôt qu'on la visite. Ça, c'est un premier principe.
Deuxièmement, éviter les formes de contournement qui feraient aller chercher ce qu'on ne connaît pas de la ville. La marche permet d'aller dans des endroits où nous allons quotidiennement, mais plutôt en véhicule à moteur (et Athènes est une ville très motorisée), et on peut aller dans ces quartiers qu'on traverse habituellement en voiture en les abordant d’une tout autre manière par la marche. Donc ne pas contourner la ville du quotidien pour aller voir les formes d'inconnu, l’exotique, donc avoir une vision plutôt endotique, de l'intérieur.
Troisièmement, Athènes est une ville (et c'est là ce qui permet aussi d'accéder à son hétérogénéité d'espaces) qui a été très faiblement construite en lien avec la science urbanistique. Il est donc possible, dans quasiment tous les quartiers de la ville, d'accéder à des sentiers – littéralement des sentiers –, de petite taille, sans revêtement, et il est quasiment possible d'aller de la périphérie au centre en marchant jusqu'à 70 % en dehors des voies goudronnées ou bétonnées. L'idée était aussi d'aller d'aller chercher toutes ces typologies de chemins qui existent dans une ville de 3,5 millions d’habitants, mais qui échappent encore une fois aux formes normalisées de circulation moderne d'une ville européenne contemporaine.
Enfin, même si je n’ai pas souhaité contourner les massifs, les collines, à l'intérieur de la ville, j'ai souhaité, dans la continuité de ce que je disais précédemment sur la géographie, qu’on évite une vision aérienne, une vision qui donnerait l’impression qu’on peut tout embrasser d'un coup, sans voir toutes les nuances qu’il y a même à l'intérieur d'un trottoir, puisqu’on est dans une ville du débordement, où les habitants peuvent planter des arbres sur leur trottoir, et récolter les fruits sans que finalement le foncier leur appartienne. Donc, rester le plus possible dans une vision de proximité, et ne pas aller chercher les points hauts, qui seraient les points les plus panoramiques – sortir du panoramique. "