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Denis : Comment on fait pour produire un sentier ? Tu me disais que tu passais beaucoup de temps à faire de la diplomatie avec les politiques, et on est tous un peu confrontés à ça puisqu’à un moment on doit trouver des financements pour produire nos projets, et ce matin tu me parlais de ta manière de travailler avec des élus locaux.
Fivos : Pour bâtir un sentier qui soit pérenne, qui sera toujours là dans vingt ans ou trente ans, ça ne peut pas être seulement une idée. Il faut qu’il y ait un besoin derrière, des gens qui habitent dans ces lieux, ou des gens qui aimeraient l’utiliser. Le tracé doit être intéressant, mais surtout il doit être aimé par les locaux.
En Grèce, on n’arrive jamais en disant aux gens « nous sommes là pour créer un sentier ». On est toujours invités par les locaux. Nous voulons que notre travail corresponde à une demande locale, notamment des communes qui souhaitent devenir des destinations de randonnée, ou qui ont identifié un besoin de chemin. Ils nous appellent en tant qu’expert.
En ville, ça me paraît différent, car le tourisme n’est peut-être pas l’axe principal. En tout cas, ça me paraît très important d’impliquer les communautés dans la procédure du tracé. Quand on choisit le tracé final, on doit donner de l’importance aux gens, et parvenir à canaliser leurs opinions, d’où la notion de diplomatie.
Par exemple, si nous voulons traverser un quartier avec deux rues parallèles, avec des cafés dans les deux rues, laquelle des deux choisir ? Là on doit parler aux gens, pour que les gens qui sont dans la rue où le sentier ne passe pas ne se sentent pas défavorisés. Si tu arrives à les impliquer, tu peux réduire les querelles potentielles. C’est pas tellement avec les politiques, la diplomatie : c’est plutôt avec les gens. Les politiques bien souvent, ne demandent que leur logo sur le projet, ce qui n’est pas le plus intéressant. Ce que je veux, c’est impliquer les locaux.