2 - Production de livres et d'expositions

L'Agence produit notamment des publications et des expositions.

CHARTES / MANIFESTES

Les rencontres et les conversations entre créateurs de sentiers suscitent l'écriture de textes communs, afin de formuler et de partager nos pratiques.

CHARTE DES SENTIERS MÉTROPOLITAINS

MARSEILLE, 2018



INTRODUCTION

En transposant dans nos espaces urbains et périurbains la pratique de la randonnée pédestre, on change de monde. Banlieues, autoroutes, aéroports, pavillons, zones industrielles, friches, fragments de campagne... la découverte à pied de ces territoires les détourne de leurs usages fonctionnels, et rend possible une expérience nouvelle.

L’idée que nous nous sommes faite, en Occident, de la nature – rêvée « vierge », dénuée d’humains et de marques de la présence humaine – s’est construite notamment sur la pratique de la randonnée pédestre, qui est elle-même solidaire de la peinture de paysage, apparue avec les voies ferrées et la peinture en tube.

Un siècle et demi plus tard, le nombre d’humains sur la terre s’est multiplié par dix, les campagnes se sont dépeuplées, un humain sur deux est un urbain, nos paysages sont largement modifiés par l’action humaine, les cycles naturels, locaux et globaux, sont perturbés, la sixième extinction de la vie sur Terre s’accélère – et les artistes documentent depuis plusieurs décennies ces territoires habités, modifiés, meurtris, vivants. Nous redécouvrons que nous sommes des habitants de la Terre parmi les autres.

On marche aujourd’hui autrement, et on marche ailleurs.

Sur les bases esthétiques posées par l’artiste américain Robert Smithson, le philosophe Guy Debord ou le collectif italien Stalker, des pratiques de randonnée urbaine se sont installées dans de nombreux territoires, au tout début du 21e siècle, cherchant à offrir des équipements de qualité au grand public dans les espaces périurbains, à Bordeaux, Marseille, Tunis, Avignon, Paris, Milan...

70 ans après l’invention en 1947 des chemins de grande randonnée (GR), nous lançons avec cette charte une démarche incubée depuis 2010, avec le début des repérages du premier Sentier Métropolitain officiel (le GR2013), suivi de près par Istanbul, Londres, Tunis, Paris... – et précédé par une démarche initiée depuis 2000 par Yvan Detraz et le collectif Bruit du Frigo à Bordeaux. Les Sentiers Métropolitains sont un type d’itinéraire pédestre qui explorent d’autres territoires, et mobilisent une autre culture que celle des GR. Bien que les Sentiers Métropolitains se développent aujourd’hui dans le monde entier, ceux qui sont en France peuvent recevoir la labellisation GR : cette double identité permet de croiser les cultures, les publics, en suscitant des malentendus créatifs.

Réalisée pour la production d’une vitrine assemblant des archives de la réalisation de plusieurs Sentiers Métropolitains, cette charte sédimente plus d’une décennie de pratiques, par de nombreux collectifs, en France et dans le monde. Elle veut ouvrir le jeu et susciter des discussions, à la rencontre de nouveaux territoires et de nouveaux acteurs.

La charte des Sentiers Métropolitains a été rédigée par Baptiste Lanaspeze et Paul-Hervé Lavessière en 2017 pour la vitrine des Sentiers Métropolitains de l’exposition Connectivités au Mucem.
Elle a été présentée et discutée lors de deux congrès organisés au Mucem : la première rencontre internationale des Sentiers Métropolitains en décembre 2017 (Gianni Biondillo, Gianluca Miglivacca, Charlie Fox, Matthieu Duperrex, Serkan Taycan, Alexandre Field, Julie de Muer, Geoffroy Mathieu, Olivier Bedu, Nicolas Mémain, Hendrik Sturm…) et les Assises nationales des Sentiers Métropolitains en novembre 2018 (Paul-Hervé Lavessière, Baptiste Lanaspeze, Yvan Detraz, Julie de Muer, Alexandre Field, Philippe Piron, Thibault Berlingen, Nicolas Mémain, Jens Denissen, Denis Moreau, Gilles Malatray, Pierre Gonzales, Patrick Mathon, Fabrice Frigout).



TÉLÉCHARGER LA CHARTE (PDF)

MANIFESTE DES SENTIERS MÉTROPOLITAINS

LONDON, 2016



1/Nous croyons que nous vivons sur le sol.
2/Nous croyons que nous sommes une espèce urbaine qui appartient à la Terre.
3/Nous croyons que les chemins sont plus anciens que les maisons – et que la marche est une façon d'habiter.
4/Nous croyons que nos zones métropolitaines se sont développées au-delà de notre conscience, de sorte qu'il nous faut maintenant découvrir ces intimes terra incognita.
5/Nous croyons qu'il faut combattre en marchant les distorsions pernicieuses de la réalité par les médias de masse.
6/Nous croyons à la randonnée itinérante dans les massifs urbains et au tourisme à domicile.
7/Nous croyons aux lignes et aux SIG, et au va-et-vient entre les cartes et le terrain, car plus on étudie une ville, plus on en rêve. Nous croyons que les lignes de marche métropolitaines offrent de nouvelles expériences pour tous.
8/Nous croyons que les banlieues des métropoles du monde partagent des caractéristiques communes. Nos banlieues multiculturelles sont une matrice des sociétés futures.
9/Nous croyons qu'il est de la responsabilité des centres-villes d'être conscients et respectueux de l'immense et beau corps de leurs zones métropolitaines, afin de construire une culture métropolitaine commune.
10/Nous croyons en une communauté mondiale de marcheurs métropolitains et de concepteurs de sentiers, signes avant-coureurs d'une révolution anti-bullshit.

Ce manifeste a été écrit par Paul-Hervé Lavessière et Baptiste Lanaspeze pour l'événement de lancement du sentier InspiralLondon en 2016, où il a été lu à haute voix avec Charlie Fox et Julie de Muer.